#CHALLENGE A/Z - LETTRE V ILE DE LA REUNION DE A à Z
V COMME VANILLE BOURBON
La vanille Bourbon ou vanille de Bourbon est un label créé en 1964 pour différencier les productions de vanille de l'océan Indien (en particulier celles de La Réunion). La vanille Bourbon fait l'objet d'une agriculture traditionnelle à La Réunion. Les conditions climatiques de l'île, avec son climat tropical et ses sols riches, créent en effet un environnement idéal pour la culture de cette vanille dont l'appellation vient de l'ancien nom de La Réunion (l'Île Bourbon).
La culture de la vanille remonte à 1841, lorsqu'un jeune esclave, Edmond Albius découvre la technique permettant de féconder les fleurs de vanillier.
Edmond Albius est un esclave et orphelin de naissance né en août 1829, il est recueilli par Féréol Bellier Beaumont qui devient son propriétaire. Celui-ci le traite comme s'il était son propre enfant et l'initie à l'horticulture et à la botanique.
S'il n'est pas à l'origine de la première fécondation artificielle de la vanille (effectuée indépendamment par Charles Morren en 1836, par un autre procédé), c'est lui qui, en 1841 et alors qu'il n'a que douze ans, en découvre le procédé pratique de pollinisation, un procédé qui révolutionne la culture de cette épice et permet à La Réunion de devenir pour un temps le premier producteur mondial et le berceau de la diffusion d'un nouveau savoir-faire3.
En effet, sept ans après la découverte d'Albius, l'île exporte ses premières vanilles, une petite dizaine de kilos. Les expéditions vont s'envoler. Elles passent de 267 kilos en 1853 à plus de 3 tonnes en 1858. À la fin du XIXe siècle, elles rapportent autant que le sucre. En 1892, près de 4 200 hectares sont plantées en vanille. Les expéditions atteignent 200 tonnes en 1898 et la vanille de l'île rafle les Grands Prix des expositions universelles de 1867 et de 1906.
Parce qu'elle est celle d'un enfant, noir et esclave de surcroît, la paternité de la découverte est toutefois rapidement contestée par les envieux. À l'origine du développement de l'actuel Jardin de l'État de Saint-Denis, le botaniste Jean-Michel-Claude Richard prétend ainsi avoir enseigné la technique de fécondation à l'esclave trois ou quatre ans plus tôt. Le jeune Edmond est alors vigoureusement défendu par Ferréol Bellier Beaumont, le naturaliste Eugène Volcy Focard et un certain Mézières de Lépervanche.
Malgré ce soutien, la controverse persiste, même après la mort des différents protagonistes. Au début du XXe siècle, un titre de presse va jusqu'à affirmer à tort qu'Edmond Albius était blanc. Devenu homme libre avec l'abolition de l'esclavage en 1848, il ne tire aucun bénéfice d'une invention qui fit la fortune des planteurs. Il meurt dans la misère et dans l'indifférence en 1880, à 51 ans.