CUPIDITÉ ET MEURTRE A L'ENTRE-DEUX : L'HISTOIRE DE LUDOVIC HOARAU

23/03/2025

HOARAU LUDOVIC MATRICULE 9952


Le 31 octobre 1857, Marie, Pierre, Ludovic HOARAU, plus communément appelé Ludovic au sein de sa famille, est né à l'Entre-Deux. Il est le fils du commissaire de police municipale Marie Antoine François Evance HOARAU et de Marie Gabrielle MUSSARD. Son famille compte quatre enfants.

Les lignées paternelles de nos deux familles descendent de René HOARAU, fondateur des HOARAU ou HOAREAU à l'île de la Réunion. Tandis que nos mères, sont issues de François MUSSARD, à l'origine des MUSSARD sur cette même île.

Quand ses parents se marient le 8 novembre 1836, son père a 23 ans et sa mère 14 ans 8 mois et vingt-cinq jours, selon l'acte de mariage. La famille de sa mère a présenté une dispense d'âge accordée par le gouverneur de la colonie.

Ludovic est un homme de 1m65, avec des cheveux blonds, des yeux bleus, un visage ovale, un menton pointu, un nez et une bouche petite, et un teint blanc. Son poignet gauche est tatoué de deux barres de trois millimètres et l'avant-bras droit d'un autre tatouage.

Il a été élève à l'école des Pères du Saint-Esprit jusqu'en troisième. Il pratique donc la religion catholique.

On le dit immoral, plus porté sur le libertinage que sur l'ivrognerie.

Il réside dans une famille assez fortunée, car on sait qu'à la mort de son père en 1874, il hérite de quelques millions de francs et devient copropriétaire de deux immeubles à Saint-Pierre avec ses deux sœurs. Sa mère et son frère étaient déjà décédés.

Le 6 avril 1877, Ludovic, motivé par sa convoitise de l'héritage de ses sœurs, dont il était le seul héritier, a empoisonné sa tante paternelle Marie Emilienne HOARAU épouse NATIVEL, et ses sœurs Marie Célina et Marie Louise à l'Entre-Deux. Marie Louise HOARAU est décédée deux jours plus tard, le 8 avril, avec la complicité d'Henri PREMONT, fournisseur des poisons volés par Henri RAULIN dans la pharmacie où il travaillait.

Bien qu'il ait admis les faits qui lui étaient reprochés, tant lors de l'instruction que devant la cour, Ludovic a nié toute intention criminelle, prétendant ignorer la nature toxique de l'arsenic utilisé. Il a affirmé avoir agi dans le but de convaincre sa sœur Marie Célina, la seule survivante, d'accepter le mariage qu'il envisageait. Cependant, les preuves accablantes ont établi sa culpabilité, et la cour a jugé que son mobile, la cupidité, ainsi que ses dénégations, témoignaient d'une perversité remarquable.

Le verdict du 28 juin 1877 fut sans appel : la cour d'assises de Saint-Pierre condamna Ludovic, alors âgé de 19 ans, à 20 ans de travaux forcés pour parricide, assassinat et empoisonnement, tandis que ses complices, Henri PREMONT et Henri RAULIN, écopèrent respectivement de 15 ans de travaux forcés et de 5 ans de réclusion.

Le 20 février 1878, Ludovic et Henri PREMONT furent transportés au bagne de Nouvelle-Calédonie à bord du navire Le Tage. Durant sa détention, Ludovic se distingua par une conduite jugée plutôt bonne.

Ayant renoncé volontairement à la concession située sur la localité de Bourail qui lui avait été attribuée à titre provisoire le 7 mars 1887, Ludovic retourna au pénitencier pour terminer sa peine en 1897, ce qui fut officialisé par une décision pénitentiaire du 18 novembre 1896.

Ludovic fut de nouveau condamné en Nouvelle-Calédonie par le tribunal correctionnel le 6 avril 1906, cette fois pour vol et vagabondage.

A l'issue de sa peine, aucune information n'a été retrouvée sur sa vie ou sa mort.

Après le départ de son frère, Marie Célina se maria avec Henry JUPPIN DE FONDAUMIERE le 29 octobre 1890. Elle mourut deux ans plus tard, le 15 février 1892, à l'âge de 50 ans.