Denis TURPIN Saint-Martin-de-Ré à l'aventure pirate

17/02/2025

Denis Turpin est né à Saint-Martin-de-Ré vers 1649. Sa jeunesse n'est pas connue avant son arrivée sur l'île Bourbon.

Toutefois, nous avons une idée du contexte de vie qu'il a pu vivre durant cette période.

En 1649, Saint-Martin-de-Ré était une ville importante située sur l'île de Ré, en France. La ville était un centre économique et social majeur de la région, et sa situation était influencée par plusieurs facteurs.

Sur le plan économique, Saint-Martin-de-Ré était un port de commerce important. La ville était un centre de production de sel, de vin et d'eau-de-vie, qui étaient exportés vers d'autres régions de France et d'Europe. La pêche était également une activité économique importante, et les pêcheurs de Saint-Martin-de-Ré étaient connus pour leur savoir-faire.

La société de Saint-Martin-de-Ré était hiérarchisée, avec une élite composée de riches marchands et de propriétaires terriens. La majorité de la population était constituée de travailleurs, tels que les pêcheurs, les artisans et les paysans. La vie sociale était rythmée par les activités économiques, les événements religieux et les fêtes locales.

Il est important de noter que l'année 1649 marque une période de troubles en France. La Fronde, une rébellion contre le pouvoir royal, battait son plein. La région de La Rochelle, où se trouve l'île de Ré, était un foyer de protestantisme, et les tensions religieuses étaient également présentes.

Avant d'atteindre Bourbon à bord d'un flibustier anglais Le Fancy commandé par le Pirate Henry Every alias Avery en novembre 1695, il semble avoir pas mal bourlingué. Comme on le voit dans cette histoire : « Au début de l'année 1695, et après avoir capturé deux vaisseaux danois dans le golfe de Guinée, le pirate anglais Henry Avery et son équipage débarquent dans l'océan Indien sur le Fancy. Ce navire optimisé pour la piraterie, grâce au carénage et ses 46 canons, dispose d'importantes qualités nautiques.

Près de l'île d'Anjouan dans les Comores, la flotte d'Avery pille un navire pirate français dont une cinquantaine de marins sont accueillis à bord du Fancy. Il est probable que ce soit à ce moment que Denis Turpin et ses compatriotes aient rejoint l'équipage d'Avery, comptant alors environ 150 hommes. A l'aide d'autres grands pirates tels que Thomas Tew, Joseph Faro, Richard Want, Thomas Wake et William Mayes, le Fancy forme une gigantesque flotte composée de plus de 400 marins, repartis en 6 navires qui naviguèrent vers la mer Rouge.

C'est ainsi que les pirates décidèrent d'attaquer un convoi de l'empereur Moghol, regagnant l'Inde depuis Moka, au Yemen, et chargé d'opulentes cargaisons. En septembre 1695, est pillé par le Fancy, sans trop de résistance, un premier navire, le Fateh Muhammed.

Appartenant à l'un des plus riches marchands d'Inde, les pirates y subtilisent entre 50 000 et 60 000 livres en or et en argent.

Quelques jours plus tard, c'est au tour d'un second navire plus imposant, le Ganj-i-Sawai, d'être ravagé après une bataille ayant durant plusieurs heures. Sur ce navire transportant d'importants notables de l'empire Moghol, un butin d'entre 500 000 et 600 000 livres de l'époque est pillé par les forbans, ce qui en fait l'une des plus grandes prises réalisées dans l'histoire de la piraterie. Disposant alors d'assez de richesses pour le restant de leurs jours et ayant alerté l'East India Company, les forbans de l'équipage d'Avery divergent sur leur lieu de retraite.

C'est alors à Bourbon que débarque le Fancy vers novembre 1695, où chaque membre de l'équipage, dont Denis Turpin, reçoit sa part du butin, soit près de 1000 livres. Soixante-six Français et Danois, ne retournèrent pas sur le Fancy. Denis Turpin et certains de ses compatriotes prirent leur retraite sur cette île. » (Source : Fox, E. T. (2008). King of the Pirates : The Swashbuckling Life of Henry Every. London : Tempus Publishing.)

Vers 1696 Denis épouse Françoise Lebeau elle lui donne onze enfants. Françoise Lebeau est la fille de Samson Lebeau né à Tours et d'une mère indo-portugaise Domingue Do Rosario, (ou Rosaires) née en Inde.

La rumeur publique l'accuse d'avoir assassiné un homme au Canada. D'ailleurs dans l'Extrait du « Mémoire pour servir à la connaissance particulière de chaque habitant de l'Isle de Bourbon, divisés par les quartiers qu'ils habitent » rédigé en 1709 par Antoine Labbé dit Antoine Desforges-Boucher (1679-1725) il est mentionné que : lorsque Monseigneur de Sisé passa à l'Isle de Bourbon et qu'il l'eut reconnu, il lui dit publiquement, qu'il était surpris, comment il n'avait point été pendu, après l'avoir tant de fois mérité, il est l'ennemi du genre humain, à l'entendre parler.

Selon le livre L'épopée des cinq cents premiers réunionnais, il est nommé commandant d'une compagnie de milice puis Capitaine du quartier de Sainte Suzanne avant 1697. Qu'il obtient une concession à la Rivière Saint-Jean en 1697, puis une autre à la Rivière des Roches en 1700.

Ses activités d'agriculteur semblent être fructueuses, ce qui ne l'empêche nullement de participer à la vie publique de Bourbon, puisque qu'on le retrouve membre du conseil de justice en 1712, conseiller du Conseil provincial en 1713 et au cours des années suivantes.

Néanmoins le livre L'épopée des cinq cents premiers réunionnais raconte qu'Antoine Desforges Boucher parle de Denis Turpin de cette manière : « un fol de la teste, le cœur mauvais, l'âme basse séditieux. Capable de tout entreprendre ce qui peut se faire de plus mauvais. Joueur d'habitude, dissolu dans ses manières, ivrogne, joueur de profession. Incorrigible sur tous les vices. Mutin et désobéissant autant qu'il peut et a même fui dans les bois pour se soustraire à l'obéissance. »

Il est difficile de comprendre comment Boucher peut être si sévère avec cet homme qui semble avoir travaillé dur, comme le montrent les relevés de récoltes pour la compagnie des Indes et qui occupe de nombreuses années les postes administratifs et judiciaires. Le père Barassin explique la raison de cette animosité en disant ceci : « La raison est à chercher, semble-t-il, dans une querelle de jeu. Le gouverneur Villers et Boucher, ayant gagné sur Turpin respectivement trois cent cinq et cinquante-cinq écus avaient fait saisir et vendre deux noirs de Turpin pour se payer. En vain Turpin avait porté plainte devant le chevalier Hébert en avril 1708. Finalement, il présenta sa requête devant le Conseil provincial le 2 août 1716 mais il fut débouté. » (Propos dans le livre l'Epopée des cinq cents premiers réunionnais).

Denis Turpin s'éteignit le 9 juin 1721 à Sainte-Suzanne à l'âge d'environ 72 ans. Son épouse décède le 19 mai 1765 à Saint-André à l'âge de 84 ans.

Il n'est pas le seul fondateur de la lignée des Turpin sur l'île, puisqu'un autre Turpin est également arrivé à Bourbon. François Turpin, qui a vu le jour autour de l'année 1700 à Tréguiers, était marié à Marguerite Bellon et habitait à Saint-Louis, étant celui-ci l'ancêtre de ma mère.

Toutefois, la descendance de Denis Turpin demeure toujours présente sur l'île de la Réunion, notamment au travers des membres de la belle-famille d'une de mes tantes paternelles, qui pour sa part à elle, est issue du pirate Jacques PICARD, et son époux est lié à Joseph, le premier fils de Denis Turpin.

Bien que Denis TURPIN ne fasse pas partie de mes ancêtres, j'ai rédigé cet article pour mes cousins et cousines qui sont ses descendants directs.

Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 36) Gallica
Collection MARGRY, relative à l’histoire des Colonies et de la Marine françaises (vue 36) Gallica