
LA CHUTE DE JEAN BAPTISTE DIT EYMARD BOYER : DE CULTIVATEUR À BAGNARD
JEAN BAPTISTE DIT EYMARD – MATRICULE N° 28934
Jean Baptiste est né le 26 septembre 1859 dans le Bras de la Plaine à l'Entre-Deux, chez ses parents Louis Hippolyte BOYER et Marie Rosette DUMONT. Onze enfants forment sa famille.
Il est plus connu dans son entourage sous le prénom Eymard que par Jean Baptiste.
Il mesure 1,65 m, ses cheveux et ses sourcils sont noirs, son visage est ovale avec un front bombé, son menton rond, sa bouche moyenne et son nez ordinaire. Il a la peau blanche et a un tatouage en forme de cercle sur l'avant-bras gauche. Il possède des compétences en lecture et en écriture. Il gagne sa vie en tant que cultivateur pour un employeur.
Son lien de parenté avec ma famille maternelle est que l'une de mes ascendantes Anne Judith BOYER est la sœur de l'un de ses ancêtres Pierre Joseph BOYER.
À la Plaine-des-Palmistes, Eymard s'est marié le 30 septembre 1878 avec Marie Erminie BÈGUE, née le 24 janvier 1862 dans cette commune. Ils ont eu, ensemble, huit enfants : Louis Jean Baptiste en 1879, Marie Judith en 1881, Elisabeth Appolina en 1883, Rose Agnès en 1886, Jeanne Nelcia en 1888, Ignace Eymart en 1890, Antilde Joseph en 1894, Marie Anéa en 1896.
Un an, avant que son fils Antilde ne vienne au monde, il a perdu son père, Louis Hippolyte BOYER, le 17 décembre 1893 à la Plaine-des-Palmistes. Il n'existe aucune donnée sur la mort de sa mère.
Eymard avait une liaison adultérine avec sa belle-sœur Marie Léontine BOYER, l'épouse de Louis Achille BÈGUE, qui est le frère de sa femme Marie Erminie.
Achille s'était aperçu de cette relation et a demandé à Eymard de ne plus venir chez lui, tout en l'exhortant à déguerpir du terrain qu'il lui avait confié pour le cultiver.
Eymard se mit en colère et lui annonça que cela se terminerait par des coups de couteau, de hache ou de revolver. Le 7 janvier 1897, il se procura un pistolet, le chargea et le donna à sa maîtresse, qui, au cours de la nuit du 12 au 13 janvier 1897, fit feu sur son époux Achille à bout portant.
Néanmoins, il ne périt pas avant le 1er mars, mais avant sa mort, à deux reprises, son épouse avait tenté de l'empoisonner avec un poison végétal très puissant, la liane rouge, que son amant lui avait fourni.
Pour la première fois, le 25 décembre 1896, alors qu'il prenait son repas du midi, il ressentit une intense contraction au niveau de la gorge et ne parvint pas à terminer son déjeuner. Quinze jours plus tard, sa conjointe lui proposa un bol de tisane qu'il rejeta immédiatement après l'avoir ingéré, ayant ressenti la même sensation que précédemment.
Lors des interrogatoires et des audiences, Eymard a reconnu sa participation à l'assassinat de la victime tout en affirmant avoir été incité au crime par sa maîtresse.
Cependant, il conteste avoir apporté une quelconque aide à celle-ci dans la tentative d'empoisonnement, malgré les charges accablantes qui pèsent sur lui à ce sujet selon l'information et les débats.
Il est écroué le 17 janvier 1897 à la prison centrale de Saint-Denis, sa peine débute à cette date.
Éléments évoqués dans le rapport du parquet de Saint-Denis.
Par un jugement rendu le 10 avril 1897 par la Cour d'Assises de Saint-Denis, Jean Baptiste, connu sous le nom d'Eymard BOYER, a été condamné aux travaux forcés à perpétuité pour complicité dans un homicide volontaire avec préméditation. Le 18 juin 1897, son pourvoi en cassation a été rejeté.
Au moment de son incarcération, ses enfants étaient âgés de 18 ans, 16 ans, 14 ans, 11 ans, 9 ans, 7 ans, 3 ans et 1 an.
Aucun élément n'est consigné dans son dossier concernant son départ de La Réunion vers le dépôt des condamnés à Saint Martin de Ré en métropole où il a été écroué le 31 janvier 1898 en attente de son transfert au bagne de Guyane.
Le 17 juillet 1898, il embarque à bord du navire « Calédonie » en direction de la Guyane.
La même année de l'arrivée au bagne de son mari, Marie Erminie BOYER adresse une demande de secours au Gouverneur de la Réunion, en raison des conditions de vie extrêmement précaires qu'elle endure. La réponse de ce dernier s'est révélée défavorable. Le département ne dispose d'aucun crédit pour venir en aide aux familles de condamnés. Sa requête confirme ainsi l'information figurant dans le dossier individuel de son époux selon laquelle sa famille ne pouvait se passer du soutien financier d'Eymard.
Il a été classé en troisième classe par les services pénitentiaires lors de la commission de classement du 28 mars 1898, avant son arrivée en Guyane. Cela implique qu'il sera assigné aux tâches les plus ardues et ingrates au sein des camps agricoles et forestiers ou dans le cadre de la construction routière.
Sa fiche de renseignements indique qu'il jouit d'une bonne constitution, bien qu'il présente un tempérament nerveux. Il est jugé apte à effectuer divers travaux agricoles, ayant exercé la profession d'agriculteur avant sa détention. Sa conduite est considérée comme satisfaisante et aucune sanction ne lui a été infligée. Néanmoins, il semble profondément affecté par sa situation actuelle.
Une proposition de commutation de peine de dix ans lui sera faite pour l'année 1908.
Un télégramme daté du 17 janvier 1908, émis par les services pénitentiaires à l'attention du Gouverneur de Guyane, annonce le décès d'Eymard en date du 15 janvier 1908 à Kourou, des suites d'une fièvre bilieuse. Par la suite, un courrier en date du 19 mars 1908, émanant du Ministre des Colonies, sollicite le maire de Saint-Denis de bien vouloir informer la veuve dans le respect des usages de délicatesse appropriés.
De son côté le maire de l'Entre-Deux atteste, le 26 juillet 1908, que l'acte de décès du défunt lui a été dûment transmis et qu'une transcription a été effectuée dans les registres de la commune.
Dans une lettre datée du 16 mars 1910 provenant du ministère des Colonies, il est porté à la connaissance du maire de Saint-Denis que Jean Baptiste dit Eymard avait laissé en héritage une montre ainsi qu'une chaîne en métal blanc. Il lui est demandé d'informer son épouse et de vérifier si celle-ci consent à recevoir les effets personnels de son défunt époux.
Le 30 mai 1910, le maire du Tampon, où réside Marie Erminie, mentionne dans sa correspondance qu'elle accepte la réception des objets susmentionnés.
Le 14 mars 1912, elle adresse une lettre au Ministre des Colonies afin de faire part qu'elle n'a toujours pas reçu les affaires de son mari. Plusieurs échanges épistolaires ont lieu entre les services compétents pour assurer l'exécution rapide de l'expédition de ce colis et le 30 août 1912, Marie Erminie signe un reçu attestant la réception de la montre et de la chaîne d'Eymard.
Je n'ai pas pu trouver d'informations concernant le décès de Marie Erminie BEGUE, ni de Marie Léontine BOYER, la maîtresse de Jean Baptiste dit Eymard.