LÉONIE, L'OBJET DU DÉGOÛT DE SON MEURTRIER

12/10/2024

JEAN BAPTISTE – MATRICULE N°10553

[1]Né à Saint-Benoît vers 1813, Jean-Baptiste Déodat CLAIN dit Goudal est né. Son père éait Jean Chrisostome CLAIN et sa mère Marie Joseph Honorine Perrault. Sa famille comptait dix enfants et il était le septième d'entre eux. Mon grand-père maternel était un cousin éloigné de Jean-Baptiste.

DAMOUR Marie-Catherine, sa grand-mère maternelle, était toujours en vie à sa naissance. Elle mourut en 1828.

[2]On ne sait rien sur son enfance à l'exception du fait que Jean-Baptiste était surnommé Goudal et qu'il ne savait ni lire, ni écrire. Quand il était devenu adulte, il était plutôt malveillant, avec un langage vulgaire. Il ne possédait aucun bien et travaillait comme ouvrier charpentier.

Il avait une constitution plutôt solide, il mesurait 1m70. Ses cheveux et sa barbe étaient grisonnantes, tout comme ses sourcils. Il était borgne de l'œil gauche, marqué d'une petite vérole. Son nez était très épaté, sa bouche et son visage larges et son menton arrondi. Il avait des brûlures sur la figure, une cicatrice à la joue droite et au-dessus du sein droit, une autre au pied et au jarret gauche, des marques sur le bras gauche estropié et sur l'index gauche.

Il résidait avec Léonie du côté de Salazie en concubinage. C'était une femme plus âgée que lui et elle avait une jambe droite infirme. Goudal la maltraitait souvent jusqu'à ce qu'il fasse l'imparable.

[3]À la fin d'avril 1861, Léonie avait disparu de son domicile situé à l'Ilet aux Chats. Il n'informa pas la police de cette disparition, excusant qu'il n'avait pas le temps. Cependant, étant donné que les soupçons commençaient à se tourner vers lui, il expliqua à ses adversaires qu'elle était partie en voyage pendant plus d'un mois avec sa famille. Connu pour ses nombreuses violences envers Léonie, Goudal était suspecté par le voisinage et les accusations étaient nombreuses à son encontre.

Afin de se justifier, il affirmait qu'elle avait pu être victime d'un accident ou s'être suicidée dans les remparts de Salazie.

C'est ce que contredit Scholastique Robert, voisine de Léonie, qui lui avait dit qu'elle ne serait absente que de huit jours. Ida Clain, la nièce de Léonie, a affirmé que sa tante était rentrée chez elle de Saint-Benoît le 29 avril, le jour de son mariage.

Mais quelques jours avant que Léonie ne parte chez ses parents, Goudal était parti à la chasse aux tangues[4] avec Auguste ESPARON au Bras de Caverne et, à son retour, il avait trouvé un de ses chiens étranglé qu'il avait attaché pour qu'il ne puisse pas le suivre. Il fit immédiatement l'accusation contre Léonie, qui lui répondit que ce n'était pas elle qui l'avait tué. Afin de mettre un terme à cette conversation, elle lui annonce qu'elle allait profiter de son séjour à Saint-Benoît pour lui ramener un autre chien. Il lui dit qu'il espérait sincèrement qu'elle lui offrirait un chien supplémentaire.

À la suite du départ de Léonie, Goudal revint sur la mort de son chien et en fit part à Auguste ESPARON, en ajoutant qu'il lui règlerait son compte si elle ne lui ramenait pas un autre chien. Ce qui mettait fin aux incertitudes d'Auguste lorsque le corps de Léonie fut retrouvé.

Toutefois, constatant que les accusations à son encontre s'intensifiaient, il suggérait qu'Auguste Esparon pouvait être responsable de la disparition de Léonie, puisqu'elle lui avait donné 6 francs pour acheter un porc et qu'il avait conservé la somme personnelle. Ce qui fut immédiatement infirmé par Esparon et par d'autres témoins de la région.

Le 12 juin 1861, Joseph Cazal et Pierre dit Bonhomme Bois-Blanc trouvèrent le corps de Léonie au pied des remparts. Son corps était en état de décomposition, mutilé de manière effrayante. Selon le rapport de police, la tête était entièrement détachée du tronc, le cou, les bras, les cuisses et les jambes étaient coupés à deux centimètres au-dessous des genoux. On a retrouvé et identifié des morceaux de linge putréfié, un mouchoir, une mousseline de laine noire et une mèche de cheveux accrochés au roc comme étant ceux de Léonie.

Le crime était motivé par le fait que Léonie était une femme de plus de cinquante ans, handicapée du pied droit. Il était en pleine force de l'âge et souhaitait poursuivre ses désirs, mais Léonie était devenue l'objet de la détestation de Goudal.

Face aux accusations qui lui sont portées, la présence des témoins à la barre, son agressivité et les insultes qu'il avait proférées ne font que prouver son incapacité à se justifier sur la disparition de sa concubine.

[5]C'est pourquoi, le 15 janvier 1862, Jean-Baptiste Déodat CLAIN dit Goudal fut accusé d'avoir commis un meurtre prémédité sur Léonie vers la fin d'avril 1861 et fut condamné aux travaux forcés à perpétuité par la Cour d'assises de Saint-Denis.

À la suite de la décision, Jean-Baptiste dit Goudal fut envoyé en France où il fut d'abord emprisonné à Tours, [6]sous le numéro d'emprisonnement 2 Y329, avec un compatriote, LECLERC Oscar François, qui était jugé pour une autre affaire. Puis transféré à Toulon le 04 septembre 1862. Ils atteignent Toulon le 7 septembre. [7]Le 6 janvier 1863, Jean-Baptiste dit Goudal fut retiré de la chaîne et embarqué pour la Guyane sur le navire l'Amazone, sur ordre du préfet maritimes du 3 janvier 1863.

En arrivant au bagne, il s'avère qu'il n'a pas déposé de fonds au coffre des détenus. En ce qui concerne la conduite, il n'a pas été puni. S'épuisant rapidement, il n'a donc pas appris de métier pendant sa détention.

[8]Quelques mois après sa détention, le 19 décembre 1863, Jean-Baptiste Déodat CLAIN dit Goudal décéda aux Iles du Salut en Guyane à l'âge de 50 ans.


[1] Actes de naissance aux Archives Nationales de l'Outre-Mer

[2] Eléments inscrits dans son dossier du bagne de Cayenne - des Archives Nationales de l'Outre-Mer

[3] Eléments inscrits dans son dossier du bagne de Cayenne - des Archives Nationales de l'Outre-Mer

[4] Un hérisson malgache

[5] Eléments inscrits dans son jugement du 15/01/1862 - des Archives départementales de la Réunion

[6] Ecrou relevé au Archives départementales de l'Indre-et-Loire

[7] Elément inscrit dans son dossier du bagne - des Archives départementales de la Réunion

[8] Acte de décès dans son dossier du bagne - des Archives départementales de la Réunion

CIRQUE DE SALAZIE
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ACTE DE DECES DE JEAN BAPTISTE DEODAT CLAIN - ANOM
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INFORMATION D' ECROU SUR GENEANET
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REGISTRE D ECROU AD INDRE ET LOIRE
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DOSSIERS MARINE
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L'AMAZONE - DOSSIERS MARINE.FR
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FICHE INDIVIDUELLE DU BAGNE - ANOM
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