LES ENFANTS DE LA CREUSE : UN DÉRACINEMENT PROGRAMMÉ

18/03/2025

En 2005, alors que je flânais dans une librairie, un titre a capté mon attention : « Ti Paille en queue enquête sur les enfants déportés de La Réunion » de William LURET. La lecture du résumé a été un choc. J'ignorais tout de ces déportations. Voici un résumé de ce chapitre tragique.

L'expression « Enfants de la Creuse » fait référence à un épisode sombre de l'histoire française, survenu entre 1962 et 1984. Il s'agit du transfert forcé de plus de 2 000 enfants réunionnais vers des départements français métropolitains, principalement la Creuse, dans le cadre d'une politique de migration organisée par le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer (BUMIDOM).

L'affaire de la déportation des enfants de la Creuse a été révélée au grand public en 2002, grâce à la plainte de Jean-Jacques Martial, un ancien enfant déporté.

Dans les années 1960 et 1970, la France métropolitaine connaissait un exode rural, tandis que La Réunion était confrontée à des problèmes de surpopulation et de pauvreté.

Le gouvernement français a mis en place cette politique de transfert d'enfants, présentés comme « abandonnés » ou « orphelins », dans le but de repeupler les campagnes et de fournir une main-d'œuvre bon marché.

De nombreux enfants ont été séparés de leur famille sans leur consentement, parfois même avec de faux documents.

Ils ont été placés dans des familles d'accueil ou des institutions, où ils ont souvent subi des maltraitances, des abus et une perte de leur identité culturelle.

Les conditions de vie de ces enfants étaient souvent difficiles, entre travail forcé, maltraitance et déracinement.

Ce n'est que des décennies plus tard que la vérité sur cet épisode a commencé à éclater, grâce aux témoignages des victimes et au travail des associations.

En 2014, l'Assemblée nationale a adopté une résolution reconnaissant la responsabilité de l'État dans ce drame.

Aujourd'hui, des actions sont menées pour accompagner les anciens « Enfants de la Creuse » dans la recherche de leurs origines et la reconstruction de leur identité.

Cet événement souligne l'importance de la mémoire historique et de la reconnaissance des injustices passées.

Il rappelle également la nécessité de protéger les droits des enfants et de lutter contre toutes les formes d'exploitation et de déracinement.

Quelques années après avoir découvert la tragédie des enfants déportés de La Réunion grâce au livre de William LURET, le destin m'a permis de rencontrer une femme réunionnaise dans l'épicerie de mon quartier. 

Au fil de notre conversation, j'ai appris qu'elle était la cousine d'une de mes tantes par alliance. Son histoire personnelle m'a profondément touchée, car elle avait elle-même été arrachée à sa famille dans le cadre de ces déportations, en raison de la précarité de ses parents.

Cette rencontre fortuite a donné un visage humain à une réalité historique bouleversante. Elle a mis en lumière la souffrance individuelle derrière les statistiques et les faits. Le parcours de cette femme, marquée par le déracinement et la séparation, témoigne de la résilience dont font preuve les victimes de telles injustices.

 Son histoire, comme celle de tant d'autres, mérite d'être entendue et reconnue, afin de ne jamais oublier ces pages sombres de notre passé et de travailler à un avenir où de telles tragédies ne se reproduiront plus.