QUAND L'UN DES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX MÈNE AU BAGNE DE CAYENNE.
Joseph Noé MAILLOT naquit le 17 novembre 1877 à Salazie, fils de Pierre Joseph MAILLOT et de Marie Estellina BOYER. Il est l'aîné d'une fratrie de sept enfants : Joseph Noé 1877, Marie Noéline 1879, Martin 1881, Louis 1883, Marthe 1884, Philomène 1886 et Marie Lauréa 1888.
Un
de ses aïeuls est un cousin au mien du coté paternel.
Joseph Noé est âgé seulement de 12 ans au décès de leur mère et de quinze ans quand Pierre Joseph, leur père, fera le choix de se remarier à Saint-André avec sa belle-sœur Marie Estéphine BOYER le 20 septembre 1893. Leur acte de mariage précise qu'il a reçu une autorisation du gouverneur de la colonie par arrêté du 24 juin dernier pour l'épouser du fait qu'elle était la sœur de feue Marie Estellina, sa première épouse. Ensemble ils eurent dix autres enfants.
C'est dans ce climat un peu particulier que grandissent les enfants, puisque leur tante maternelle devient aussi leur belle-mère.
Joseph Noé mesurait 1,66 m, aux cheveux et aux sourcils châtains. Son visage et son menton sont plutôt ronds, ayant une petite bouche et un teint clair. Son passe-temps favori est l'un des péchés capitaux : la paresse.
Le travail de la terre n'a pas l'air d'attirer Joseph Noé parce qu'à ses vingt ans, il est condamné le 14 janvier 1897 une première fois par le tribunal correctionnel de Saint-Denis des chefs de vols et d'évasion par bris de prison, assortie d'une peine de quatre mois et quinze jours.
Trois mois après sa sortie de détention, le voilà à nouveau condamné par la Cour d'Appel de Saint-Denis le 19 août 1897 pour vols, assortie d'une peine de dix-huit mois.
Le 16 novembre 1899, il est déclaré insoumis lors de ses obligations militaires. Mais il se rend volontairement à la gendarmerie le 4 janvier 1900 et est écroué le même jour à la prison militaire. A été l'objet d'une ordonnance de non-lieu du Gouverneur de la colonie en date du 14 mai 1900. Il est sorti de prison le 16 mai 1900. Il va cependant incorporer un régiment de l'armée française, mais va être condamné par le conseil de guerre permanent séant à Tananarive le 16 juillet 1902 à : 1° dix ans de travaux forcés et de dégradations militaires. 2° Six mois de prison pour vols qualifiés. 3° : désertion à l'intérieur en temps de paix et évasions par bris de prison. Jugement rendu exécutoire à compter du 6 juin 1902. Joseph Noé Maillot est exclu de l'armée.
Puisque sa peine a débuté le 6 juin 1902, Joseph Noé est écroué au dépôt le 25 novembre de la même année sous le n° 2501.
Voilà comment sa paresse et son « besoin d'air » le mènent au bagne de Cayenne. Le 12 juin 1903, il embarqua non pas sur l'arche comme Noé, mais sur le steamer « Loire » à destination de la Guyane française.
Son dossier individuel du bagne nous apprend qu'il est illettré et confirme bien qu'avant sa condamnation, il était paresseux. De décembre 1901 à mai 1902, il s'est évadé sept fois.
Pendant son incarcération, il va apprendre le métier d'effilocheur. Sa conduite reste passable.
Doté d'une bonne étoile, sa peine va être commuée en 10 ans de réclusion à compter du 6 juin 1903 par décret du 3 septembre 1903. Il est en instance pour un départ. Le 10 janvier 1904, il rentre en France métropolitaine à bord du steamer « Loire ».
Aucun élément n'a été trouvé sur son arrivée dans le département d'Indre-et-Loire, puisque c'est dans cette région que notre Joseph Noé s'établit et va continuer ses péripéties judiciaires.
Si à la Réunion, ses proches n'entendent plus parler de lui, en France, son palmarès judiciaire va bon train dans la presse locale.
Le sous-titre intitulé : Mauvais client dans le journal du phare de la Loire en date du 10 août 1910 nous apprend « qu'un dimanche soir, un individu se présentait à l'hôtel Onillon à Varades et se faisait servir à dîner et plusieurs consommations. Invité à régler sa note, cet homme refusa et proféra des insultes à l'adresse du maître d'hôtel. Celui-ci s'en fut cherché les gendarmes qui mirent le client en état d'arrestation, attendu qu'il n'avait pas d'argent pour payer ses dépenses. C'est un nommé MAILLOT Joseph, tailleur d'habits à Tours. »
Le journal l'Union libérale en date du 3 janvier 1911 évoque l'audience le 29 décembre dernier au tribunal correctionnel de Chinon où a comparu Joseph MAILLOT âgé de 33 ans, tailleur d'habits pour vols, assortie d'une peine de trois mois.
Le journal l'Union libérale en date du 23 août 1911 relate cette fois-ci l'arrestation par les gendarmes de celui-ci pour filouterie d'aliments au préjudice de M. Sablayrolles, hôtelier.
Les registres des écrous des prisons de Tours, Chinon et Loches et de Châtellerault sont également bavards puisqu'ils stipulent des éléments contradictoires au niveau de sa religion, à savoir parfois, il déclare être catholique et d'autres fois, il se dit être israélite. Son degré d'instruction dit être lettré, alors que sur son dossier du bagne, il est noté : illettré. Il se dit être tailleur d'habits alors que le métier appris pendant sa détention à Cayenne était effilocheur. Par ailleurs, nous apprenons aussi qu'il est sans domicile fixe.
Pour ce qui est de son décès, l'histoire restera également muette sur celui-ci, aucune
information trouvée à ce sujet puisque je perds sa trace après ses multiples incarcérations.
Par conséquent, je suppose que Joseph Noé est
décédé en métropole. Un retour sur l'île semble improbable, au
vu de sa situation financière de sans domicile fixe.