
UNE FIGURE EMBLÉMATIQUE RÉUNIONNAISE : ANNE MOUSSO OU MOUSSE
Anne (Sosa 1087 pour la branche paternelle et Sosa 3321 pour la branche maternelle), voit le jour le 10 avril 1668 à Saint-Paul (La Réunion). Elle est baptisée six mois plus tard, le 14 octobre de la même année, dans la même commune. Son parrain n'est autre qu'Estienne Regnault, premier gouverneur de l'île, et sa marraine, Anne Randranave. Fille de Jean Mousso (ou Mousse) esclave et de Marie Caze, esclave, tous deux originaires de Madagascar et installés à Bourbon depuis 1663, Anne est la première enfant de couleur née sur l'île à y fonder une lignée. Sa soeur Cécile est née huit ans plus tard en 1674.
Bravant l'interdiction des mariages inter-ethniques décrétée par le vice-roi des Indes Jacob Blanquet de la Haye en 1674, Anne épouse Noël Tessier, un Breton de 34 ans son aîné. Ensemble, ils donnent naissance à huit enfants, (6 filles et 2 garçons) formant ainsi une famille métissée établie à Sainte-Marie. Sa fille Rose figure sous le numéro Sosa 543 dans ma lignée paternelle, tandis que sa fille Jeanne (Sosa 1661) appartient à ma lignée maternelle. Noël Tessier décède le 7 mai 1721.
L'année suivante, elle se remarie le 27 janvier 1722 avec Domingue Ferrère, un Portugais de 32 ans. C'est avec lui qu'elle participe à la construction de la Chapelle Blanche, située à la pointe de Sainte-Marie.
En 1745, la Compagnie des Indes autorise les représentants de l'Église à ériger un lieu de culte ainsi qu'un presbytère. Le quartier devient alors officiellement la paroisse de Sainte-Marie.
En 1754, le père BOSSU, missionnaire lazariste, entreprend la restauration de l'église paroissiale. Son plan, en croix latine, adopte le style dit de la "Compagnie des Indes" et résulte d'une collaboration entre charpentiers européens et maçons indiens.
En 1785, l'église prend le nom de Notre-Dame-de-l'Assomption. Au début des années 1830, des travaux de rénovation conduisent à l'ajout de deux colonnes toscanes surmontées d'un fronton, ornant la façade principale.
À la suite d'un incendie en 1935, la charpente en bois est remplacée par une structure métallique. Cette intervention permet également de redessiner le profil de la toiture afin de mieux protéger les fenêtres contre les eaux de pluie.
Le livre l'épopée des cinq premiers réunionnais nous apprend qu'Anne est décédée le 17 mars 1733 à Saint-Denis, à l'âge de 64 ans. Avec elle, c'est son nom de famille qui disparaît de mon arbre généalogique. Respectant ses dernières volontés, sa famille s'investira pleinement dans la création d'un véritable centre paroissial comprenant une église, un presbytère, un cimetière et un terrain curial – un projet qu'elle n'avait pas pu mener à bien de son vivant.
Considérée comme la grand-mère d'une partie des Réunionnais, Anne Mousse laissera une empreinte indélébile dans l'histoire de l'île. Le 10 avril 2025, un hommage officiel lui sera rendu à Sainte-Marie, sur la place qui porte son nom. À cette occasion, une statue représentant la première femme créole va être inaugurée.
Des descendants venus de toute l'île, des élèves, des représentants politiques, religieux, artistiques et associatifs se réuniront pour célébrer cette figure emblématique.
Anne Mousse incarne pleinement les valeurs fondamentales de la société réunionnaise : la combativité, la résilience, la générosité, la dignité, la transcendance et la foi. Son parcours, à la croisée des cultures malgache et bretonne, marque les débuts d'un peuplement structuré et d'une identité réunionnaise riche et métissée.
*#Les rameaux cachés : ce défi généalogique né dans le groupe "Raconter sa généalogie" propose une exploration originale de nos arbres généalogiques. Le principe ? Découvrir et partager, chaque 5 du mois, l'histoire d'un ancêtre ou collatéral dans la cime de notre arbre généalogique, dont le nom apparaît très rarement (1 à 3-4 fois). Une façon de redécouvrir ces ancêtres invisibles, de leur redonner une place dans notre mémoire.

