
STANISLAS DIJOUX : PASSIONS ET POISON À LA RÉUNION
LOUIS, STANISLAS – MATRICULE N° 27513
Né le 1er novembre 1853 à Saint-Louis, Louis, Stanislas DIJOUX est le fils de Charles Marie DIJOUX et de Marie Élisabeth DUBARD. Ses parents ont eu neuf enfants : Charles Marie 1830, Elie 1832, Pierre Alexis 1835, Marie Mérance 1839, Germeuil 1841, Marie Agenée 1845, Marie Zulmée 1848, Louis Damase 1852, Louis Stanislas 1853.
Ma grand-mère maternelle est une cousine lointaine de son père. Il est également le cousin de Fernand DIJOUX, évoqué dans un autre récit.
Sa mère Marie Élisabeth décède deux ans avant son mariage qui a lieu le 28 septembre 1875 à Cilaos avec Marie Maillot, née le 25 octobre 1855 à Saint-Louis. Fille de Jean MAILLOT et de Tranquille Rosette LEGROS. Son frère Louis, Damase DIJOUX fut son témoin. Selon les informations fournies dans le dossier du bagne, le couple ne semble pas avoir d'enfants.
Au sein de sa famille, il ne sera jamais appelé Louis mais Stanislas. Il ne sait ni lire ni écrire Il est employé par un patron en tant que forgeron et gagne sa vie grâce à ce métier. Stanislas mesure 1,60 mètre, possède des cheveux et des sourcils châtains, une barbe noire, des yeux noirs, un front ridé, un nez imposant, une bouche de taille moyenne, ainsi qu'un visage plutôt allongé avec un menton carré et un teint cuivré. Un tatouage indiquant les lettres ESSLM est visible sur son avant-bras gauche.
Son père Charles meurt le 20 décembre 1888 à Saint-Pierre.
Installé sur Saint-Pierre, le couple de Stanislas est en conflit depuis plusieurs années. Sa dépendance à l'alcool lui vaut une réputation de violent, ce qui le pousse à s'en prendre souvent à sa femme et à la tromper avec sa belle-sœur. En outre, il avait quitté Marie pendant trois ans afin de s'installer avec elle. À la mort de sa maîtresse, il s'approchait de nouveau de son épouse.
En lisant ces éléments dans son dossier, cela m'a amené à m'interroger sur la signification des lettres tatouées, car il se pourrait qu'elles soient les initiales de plusieurs prénoms. En explorant la branche de sa famille par le biais d'un site de généalogie, j'ai constaté que l'une de ses belles-sœurs portait un prénom débutant par la lettre E. Elle était la veuve d'un de ses frères. Les deux lettres S se rapporteraient à Stanislas, le L désignerait Louis, son premier prénom, et M pourrait éventuellement faire référence à Marie, à sa mère ou sa femme.
Cependant, revenons au 21 mai 1893 ; après une scène de violence avec son mari, Marie a quitté le foyer conjugal. Toutefois, quelques jours plus tard, elle décida de reprendre la vie commune avec Stanislas à la suite des supplications de ce dernier.
Un jour, constatant que Marie était alitée, il lui proposa avec insistance de se purger et lui administrait un produit. Dès les premières gorgées, elle ressentit d'intenses douleurs au niveau de la bouche et de l'estomac. Bien qu'elle parvînt à vomir, elle continua à souffrir et se trouva dans un état de faiblesse extrême qui ne s'atténua que grâce aux soins prodigués par ses voisins.
Le vomitif dont il restait quelques gouttes fut analysé et il fut établi qu'il contenait de l'acide chlorhydrique.
Il est incarcéré le 3 juin 1893 à la prison centrale de Saint-Denis. Il fut condamné le 6 septembre 1893 par la Cour d'Assises de Saint-Pierre à huit ans de travaux forcés pour empoisonnement. Son pourvoi en cassation du 7 septembre 1893 fut rejeté par un arrêt en date du 9 novembre 1893.
Lors de l'audience, il s'enferma dans un système absolu de dénégation semblable à celui observé lors de l'instruction. C'est un homme intelligent mais dépourvu de sens moral. Ce sont là les éléments mentionnés dans le rapport des faits ayant conduit à sa condamnation.
La date de son transfert de la Réunion vers le dépôt des condamnés à O'Bock, situé dans l'actuelle République de Djibouti, demeure inconnue ; il est simplement rapporté qu'il y parvint le 9 avril 1894 et y demeura jusqu'au 16 avril 1896.
Le 17 avril 1896, il embarqua à bord du navire Le Peïtto en direction de Marseille. Il poursuivit ensuite vers le centre pénitentiaire de Saint Martin de Ré, où il fut écroué le 21 mai 1896. Le 29 mai 1896, il monte à bord du Saint-Nazaire à destination de la Guyane.
Pendant toute la durée de sa détention, sa conduite a été évaluée comme satisfaisante, que ce soit à la prison centrale de Saint-Denis, dans les dépôts d'O'Bock et de Saint Martin de Ré, ou au Bagne en Guyane.
Il a été libéré le 9 novembre 1901. Je n'ai pu trouver aucune information le concernant après cette date, ni sur le jour et les circonstances de son décès dans son dossier individuel.
En ce qui concerne sa femme, Marie Maillot, elle décède le 17 juin 1923 à Saint-Pierre, à l'âge de 56 ans, sous le prénom d'Edamantès.