
TROIS DESTINS, UNE HISTOIRE
Vous vous souvenez peut-être de la famille Martin, dont j'ai parlé dans mon précédent article intitulé : Etienne Ignace MARTIN, le cousin de Nouméa. Aujourd'hui, je vous propose de découvrir l'histoire de trois autres membres marquants de cette famille : une de mes aïeules Geneviève Victime, sa sœur Marie Fanelly et l'un de leurs frères Louis Amédée. Le titre de cet article, "Trois destins, une histoire", reflète la diversité de leurs parcours.
Geneviève Victime (née en 1824) et Marie Fanelly (née en 1828) partagent un point commun : leurs naissances n'ont pas été enregistrées à l'état civil de Saint-Joseph, leur ville natale. Au XIXe siècle, les difficultés de déplacement et le manque de considération pour les déclarations de naissance expliquent en partie ces omissions. Par exemple, la naissance de ma mère n'a été déclarée que quatre jours après sa venue au monde, faute de temps de mon grand-père.
Son second prénom Victime ne laisse guère de bonnes perspectives à l'avenir. Est-ce que c'est une autre prédiction similaire à celle de mon autre aïeule prénommée aussi Victime dans mon arbre généalogique dont le père a été assassiné ? Mes investigations sur l'absence d'enregistrement de mon aïeule Geneviève Victime montrent qu'il n'y a pas eu de meurtre cette fois-ci, mais plutôt un cyclone qui a frappé l'île en 1824, ce qui pourrait expliquer cet oubli. Eh oui, victime quand même de quelque chose.
Par contre, aucun événement climatique ou sanitaire majeur n'a été recensé en 1828, année de naissance de Marie Fanelly.
L'absence d'actes de naissance a posé un obstacle majeur à leurs mariages respectifs. Pour régulariser leur situation, Geneviève Victime et Marie Fanelly ont dû recourir à un acte de notoriété. Geneviève a ainsi été enregistrée en 1841, dix-sept ans après sa naissance, et Marie Fanelly en 1848, vingt ans après la sienne.
Je me suis mise à imaginer un instant le sentiment qu'elles ont pu avoir, après une longue période d'invisibilité ou d'oubli. Prendre soudainement conscience de son existence propre. Comment se sont-elles senties en réalisant qu'elles n'étaient plus une ombre, mais une entité à part entière ?
Intéressons-nous à présent à
Louis Amédée, frère de Geneviève et Marie Fanelly, né le 13 juin 1834 à
Saint-Joseph. En 1849, année charnière pour l'île de la Réunion en raison de la
récente abolition de l'esclavage et des changements socio-économiques qui en
découlent, Louis choisit de rejoindre les Frères des écoles chrétiennes,
également appelés Lassaliens. Il intègre le noviciat de Saint-Denis le 15
septembre 1849, prend l'habit et reçoit le nom de Frère Joseph-Marie le 16
janvier 1850.
Toutefois, il éprouve des incertitudes quant à son avenir au sein de la congrégation, puisqu'il quitte celle-ci le 18 novembre 1851. Est-ce que l'appel à la vie séculière a supplanté sa vocation religieuse ? Il semble que les faits l'indiquent, car il se marie à deux reprises, en 1855 puis en 1861.
L'analyse de cette famille met en lumière des trajectoires de vie uniques, témoignant de la variété des destins au sein d'une même famille. Le mariage de Geneviève et Marie Fanelly, dont les naissances n'ont pas été enregistrées, a été rendu possible par des difficultés administratives. De son côté, Louis Amédée a adopté la vie religieuse avant de la quitter pour fonder une famille.
Ces parcours personnels, caractérisés par des difficultés et des décisions individuelles, reflètent la complexité de l'époque et la diversité des expériences humaines. Les dates et les lieux nous rappellent que derrière eux se dissimulent des récits singuliers, influencés par les circonstances et les aspirations de chaque individu.


