
TUER PAR AMOUR
JEAN BAPTISTE – MATRICULE N° 37027
Jean-Baptiste MAILLOT est né à Sainte-Rose le 16 juin 1887. Il porte le nom de famille ELFORDY à sa naissance, car il est le fils naturel d'ELFORDY Ernestine. En la mairie de Sainte-Rose, le 20 juin 1887, MAILLOT Joseph, Aïtius se déclare être le père de l'enfant. Le 12 octobre 1906, ses parents se marient à Sainte-Rose et Joseph meurt six jours plus tard.
Ma grand-mère paternelle est une cousine éloignée de son père. Il est aussi le cousin de Joseph Noé MAILLOT, mentionné dans un précédent article.
Jean-Baptiste, qui est célibataire et mesure 1,65 m, possède des cheveux, des sourcils et une barbe noirs tout comme ses yeux. Sa forme du visage est ovale, sa bouche est moyenne, son menton est rond, son nez est large et son apparence est de teinte blanche. Il porte une cicatrice importante au menton, tout comme au nez et au dos, un tatouage sur le bras indiquant les lettres JL et une marque noirâtre dans sa nuque. Il a plus tôt bon caractère, il ne s'adonne pas à l'ivrognerie. Il exerce en tant que ferblantier et forgeron tantôt à son compte, tantôt en journalier. Ses ressources alimentaires proviennent de son métier, il contribue à l'entretien de sa famille. Il est inconnu des forces de l'ordre. Il sait lire et écrire.
À seulement 19 ans, il devient l'amant de Marie-Henriette, Lucie HOAREAU, l'épouse de Joseph CAZETTE, des voisins de la famille MAILLOT. Lucie éprouve une haine profonde envers son mari, qui est son aîné de 13 ans, au point de ne plus désirer partager sa vie avec lui. Déterminée à se débarrasser de son mari, elle sollicite sans relâche son amant pour qu'il l'aide à concrétiser ses projets.
Le matin du 16 mai 1907, il fut décidé qu'elle emmènerait son époux dans les bois en prétextant qu'ils allaient ramasser des champignons. À 13 heures, après un échange de signes, elle avait rejoint la forêt avec son mari, tandis que son amant s'y dirigeait de son côté par un chemin différent.
À son arrivée sur les lieux, Joseph CAZETTE, qui était malade, s'est posé sur le rebord d'une excavation pendant que sa femme faisait le tour des alentours.
Soudain, le saisissant par les épaules, elle le fit basculer en arrière. Jean-Baptiste, survenant à ce moment-là, se précipita sur lui pour l'étrangler avec une cordelette fournie par Lucie. Afin de mettre fin rapidement à la résistance de l'homme, il lui enfonça avec force une taie d'oreiller dans la gorge, que sa maîtresse avait sortie de sa poche. Une demi-heure après, ils abandonnaient les lieux du crime.
Il s'agit des aveux détaillés que Joseph a exprimés au cours de l'instruction et qu'il a confirmés en audience.
Tous ceux qui l'entouraient furent étonnés par ce qui lui arrivait, étant donné qu'il avait un caractère plutôt tranquille.
Il est placé sous mandat de dépôt le 21 mai 1907. Puis, il fut alors condamné aux travaux forcés à perpétuité pour assassinat le 23 juillet 1907 par la Cour d'assises de Saint-Denis.
Une dépêche télégraphique mentionne son départ de La Réunion pour Marseille le 17 mars 1908. Par la suite, il a été transféré au centre pénitentiaire d'El Harrach en Algérie, où il a été placé au dépôt le 22 avril 1908 en attendant son renvoi en Guyane. Il est embarqué le 24 juillet 1908 sur le steamer « Le Loire ».
Il a été classé en 2e classe par les services pénitentiaires le 5 juin 1908 avant son arrivée en Guyane, ce qui signifie qu'il sera mis à disposition aux entreprises locales. Cette décision a été effectuée sur la base des informations fiables obtenues avant son arrestation. Dans le rapport de classification, il est indiqué qu'il a été influencé par sa maîtresse.
Lors de son affectation aux entreprises locales, il a été assigné chez des résidents de la ville. Les documents officiels de la gendarmerie signalent qu'à deux reprises, lors d'un contrôle en ville, Jean-Baptiste Maillot a été appréhendé, une fois en l'absence de la tenue réglementaire des transportés et une autre fois sans son laissez-passer. Il a été réintégré dans le centre pénitentiaire à deux reprises.
La période de sa détention a été jalonnée par diverses sanctions, y compris une punition pour avoir agressé son aide cuisine avec un couteau en étant ivre, des absences injustifiées aux corvées, et des problèmes liés à la dissipation d'effets et à plusieurs états d'ivresse.
En 1921, une proposition de commutation de peine de vingt ans lui sera faite. Ce n'est que le 15 février 1923 que Jean-Baptiste est informé d'une décision du président, prise le 22 novembre 1922, concernant la réduction de sa peine de travaux forcés à perpétuité à seulement vingt ans.
La Cour suprême de Cayenne écrit au Gouverneur le 19 octobre 1923 que le transporté MAILLOT Jean-Baptiste est arrêté pour tentative de vol par effraction et qu'il serait traduit devant le tribunal maritime spécial. Le 23 janvier 1924, le tribunal a rendu une décision de non-lieu en considérant que les accusations contre MAILLOT Jean-Baptiste étaient insuffisantes.
Sa libération au bagne a lieu le 21 mai 1927. Cette peine commuée est cependant remplacée par une interdiction de séjour à vingt ans qui prend fin le 21 mai 1947. Il lui est interdit de séjourner dans plusieurs villes de France. Ces informations sont enregistrées dans son carnet anthropométrique, où une inexactitude concernant sa date de naissance s'est introduite.
Le 15 novembre 1927, Jean-Baptiste MAILLOT et deux complices sont jugés au tribunal de première instance pour détournement d'avances de salaires de 400 francs qui avaient été remises par M. NERVAL Christian. Jean-Baptiste a été déclaré coupable par défaut, puisqu'il ne s'est pas présenté à l'audience en raison de sa fuite. Il est condamné à trois mois de prison et à une amende de 25 francs avec l'obligation de rembourser l'argent détourné. Le jugement du 15 novembre 1927 est rendu définitif le 18 octobre 1928 en raison de l'absence d'appel de MAILLOT Jean-Baptiste. Il écope à deux mois de prison avec le maintien de la restitution de l'avance de salaires.
Le 26 février 1929, un jugement contradictoire a révélé que Jean-Baptiste MAILLOT est coupable de manquements relatifs à son visa et à son livret entre juillet 1928 et le 28 janvier 1929. Il doit payer une somme de 30,40 francs à titre de condamnation.
Le 16 avril 1935, un jugement controversé a déclaré Jean-Baptiste Maillot et son complice coupables de détention et de cession d'armes. Une peine de trois mois de prison ainsi qu'une amende de 17,60 francs ont été imposées à Jean-Baptiste.
Dans une lettre datée du 9 juin 1935, Jean-Baptiste MAILLOT sollicite le directeur du pénitencier pour obtenir le montant de son pécule, car il souhaite s'établir définitivement en Guyane, étant donné son âge avancé et son incapacité à régler son retour à La Réunion.
Dans une seconde correspondance datée du 3 août 1935, il renouvelle sa demande en précisant qu'il a subi une opération pour une hernie, ce qui l'empêche de se déplacer jusqu'à la prison.
Dans un troisième courrier, daté du 3 octobre 1937, il sollicite à nouveau le versement de sa réserve d'argent afin d'acquérir du matériel et de renouveler ses outils de forgeron.
Le responsable de la section des libérés indique dans une note en date du 21 octobre 1937 que Jean-Baptiste MAILLOT doit adresser sa requête au président du comité de patronage des libérés. Une notification lui sera ensuite communiquée par les gendarmes le 30 octobre 1937 concernant les modalités de versement auprès de cet organisme.
De 1938 à juillet 1941, il n'existe aucune information dans son dossier concernant sa vie en Guyane. Toutefois, il convient de noter qu'en date du 19 juillet 1941, Jean-Baptiste a été hospitalisé pour une pleurésie droite accompagnée d'une importante hépatosplénomégalie palustre. Il est décédé le 27 juillet à six heures du matin à l'hôpital de Cayenne.
*Tous les récits individuels sur les bagnards ci-dessous sont tirés des copies d'archives aux ANOM et aux AD 974, AD de la Guyane, AD Indre et Loire, de la presse ancienne sur Gallica. Tous ces hommes cités ici ont un lien avec mon arbre généalogique.